L’Australie face à l’échec de la vente de cigarettes électroniques en pharmacie

L’Australie voulait limiter les vente de cigarettes électroniques pour ne les autoriser qu’en pharmacie, avec une délivrance sur ordonnance. Un an plus tard, le pays se retrouve confronté à une vague de marché noir.

L’Australie restreint la vente de cigarette électronique aux pharmacies uniquement

Le 1er juillet 2024, l’Australie avait mis un coup d’arrêt au marché de la vape sur son territoire. Les produits de vapotage, qu’ils contiennent ou non de la nicotine, ne peuvent désormais plus qu’être vendus en pharmacie et délivrés sur ordonnance. Fini les sites de vente de produits pour la vape en ligne, ainsi que les magasins de cigarette électronique et d’e-liquide ! Pour acheter une cigarette électronique en Australie, il faut se rendre dans une pharmacie… Et espérer qu’elle en vende !

De nombreuses pharmacies ont en effet refusé de participer au programme. Moins de 1% en vendent selon la Pharmacy Guild of Australia, ce qui rend les produits pour la vape vendus de façon officielle très difficiles à se procurer. D’ailleurs, tous ces produits sont étroitement contrôlés par le gouvernement australien. Ils doivent comporter un emballage neutre et sont limités à trois saveurs (menthe, menthol, tabac). La raison est toujours la même : limiter l’accès aux jeunes à la vape, qui est souvent bien tentante pour eux.

Qu’est-ce que cela donne côté chiffres ? Selon le Daily Telegraph, entre octobre 2024 et avril 2025, à peine 5 932 cigarettes électroniques ont été vendues par mois dans les pharmacies à l’échelle nationale. Des chiffres très peu élevés, comparés au nombre de personnes qui fument et qui vapotent en Australie. En effet, 8,3% de la population australienne, qui s’élève à 27 millions de personnes, fume quotidiennement et 7% vapote.

La solution de l’Australie vis-à-vis des produits pour la vape est-elle efficace ?

L’Australie voulait restreindre les possibilités d’achat de cigarettes électroniques afin de réduire la consommation des jeunes, qui arrivaient à se les procurer malgré l’interdiction pour les boutiques de vape et les buralistes de leur en vendre. Mais la décision du gouvernement australien a-t-elle été efficace ? Le problème est que, face à cette raréfaction de la vente légale de produits de vapotage, les consommateurs se sont tournés massivement vers le marché noir. Le Dr Colin Mendelsohn, spécialiste australien de la réduction des risques, estime que plus de 90 % des produits de vapotage circulent désormais dans l’illégalité.

Les données sont d’ailleurs alarmantes : en avril 2024, plus de 1,5 million de cigarettes électroniques illégales ont été saisies aux frontières par les douanes. En Australie du Sud, plus de 105 000 e-cigarettes ont été interceptées depuis décembre 2024. Dans le Queensland, plus de 170 000 produits ont été saisis en un an. Si aussi peu de cigarettes électroniques sont vendues en pharmacie en Australie, c’est tout simplement parce que les personnes qui souhaitent s’en procurer les achètent sur le marché noir.

Une chose inattendue est survenue suite à l’interdiction de la vente libre de produits de vapotage : une recrudescence de la violence. Des commerces ont été la cible d’attaques, notamment à Sydney et dans le Queensland. Les forces de l’ordre parlent désormais de “guerre des vapes”, avec des réseaux criminels ayant remplacé la cocaïne par la vape comme source principale de revenus. De quoi inquiéter le gouvernement qui pensait bien faire à l’origine !

L’aspect économique du phénomène est tout aussi préoccupant : une vape achetée pour 3 AU$ en Chine est revendue jusqu’à 35 AU$ en Australie. De quoi effectivement rapporter gros aux “dealers“ de cigarettes électroniques ! Le marché noir représente aujourd’hui 92 % du marché de la vape et environ 40 % du marché du tabac dans le pays. Les pertes fiscales sont estimées à 10 milliards de dollars australiens par an.

Que compte faire l’Australie face à l’échec de la vente en pharmacie des cigarettes électroniques ?

La politique australienne visait une réduction du vapotage chez les jeunes. Mais force est de constater que le marché noir a changé la donne et a des effets encore plus délétères qu’auparavant. En effet, les produits vendus sous le manteau ne respectent aucune norme de fabrication. Certains peuvent contenir des substances toxiques, sans étiquetage ni contrôle. Ce sont majoritairement ces produits que consomment aujourd’hui les jeunes vapoteurs australiens…

Certains professionnels de santé comme le Dr Mendelsohn et économistes appellent à une régulation plus pragmatique : réintégrer les boutiques de vapotage dans le circuit légal et imposer des contrôles stricts, notamment en matière de contrôle d’âge. L’Australie va-t-elle faire marche arrière sur la vape ? Rien n’est sûr pour le moment.

Si vous vapotez dans le cadre de votre sevrage tabagique et que vous vous rendez en Australie, prévoyez des substituts nicotiniques tels que des patchs pour vous aider à ne pas reprendre le tabac durant votre séjour. Rappelez-vous que les seuls produits contrôlés en vente sont ceux présents dans les pharmacies australiennes et que les e-liquides vendus illégalement sont susceptibles d’être dangereux. Si la situation en France n’a rien de comparable, sachez que les seuls e-liquides répondant aux normes de sécurité sont ceux qui sont vendus dans les enseignes de vapotages comme Nicovip. N’achetez jamais de produits dont vous ignorez l’origine !